Questions sans réponses

Mardi 19 mars se tenait une des rares séances du Conseil municipal de Clichy. Session animée par les questions de l’opposition municipale mais aussi par celles posées par les citoyennes et citoyens de la ville qui distribuaient un tract devant le parvis de la Mairie à l’ouverture du Conseil. Tract intitulé opportunément : Déni de démocratie.

Des questions ? Les plus dérangeantes pour la municipalité sont restées sans réponses ou ont eu droit à des interventions évasives, lapidaires ou sans rapport. Exemples :

Alice Noret au début de son intervention sur l’hôpital Beaujon

Une des questions posées, était le devenir de l’hôpital Beaujon. Cela se traduisait par la distribution d’un tract du Comité défense sur le parvis ainsi que par un vœu de l’opposition portée par Alice Noret.

Le tract (ci-desous) demandait au Maire de s’expliquer sur son refus de débat démocratique sur les objections portées par les opposants au projet de Campus hospitalo-universitaire de Saint-Ouen. Ce projet implique la fermeture à Clichy de l’hôpital Beaujon. Comme l’a rappelé à M. Muzeau le conseiller Hicham Dad, Clichy est la seule ville de France où le Maire ne s’oppose pas à des fermetures de lits hospitaliers sur sa commune. Pire, il n’accepte aucun débat public sur la ville au point même de refuser une salle municipale aux organisations politiques, associations ou syndicats qui l’ont demandé. Du jamais vu à Clichy.

Cela donne :
Question : Nous demandons l’organisation d’un débat public…
Réponse : Le débat est clos, on passe au vote.

(séquence vœu, Alice Noret et interventions suivantes : à partir de 25,35’ dans la vidéo de la Ville).

Et bien non, le débat n’est pas clos parce-que le Maire en a décidé ainsi. Les organisations politiques, les associations et syndicats qui ont un projet alternatif de rénovation hospitalière continueront leurs actions. C’est le propre de la démocratie, ce que le Maire n’accepte pas dans la pratique de la municipalité. Cela s’appelle un déni de démocratie.

Tract distribué devant la Mairie à l’heure du Conseil municipal

Le Maire est un pratiquant résolu des tribunaux. À en juger par les résultats – qu’il soit plaignant ou en défense – il obtient rarement satisfaction devant les juges. Exemple avec la délibération n° 40 proposée au vote. Délibération qui prévoit un paiement rétroactif de frais d’avocat par la Mairie.

En résumé, M. Muzeau avait porté plainte contre Ludovic Planté pour certains de ses propos en séance du Conseil municipal. Le jugement lui ayant donné tort, M. Muzeau décide quelques années plus tard de faire payer par le Conseil municipal les frais de justice du Maire. Décision rétroactive, ce qui a peu de précédent – car M. Muzeau avait dans un premier temps décidé d’intervenir en justice en tant que personne privée et non en tant que Maire. Or, l’avocat est le même dans les deux cas. Ce n’est pas qu’une nuance mais une question qui mérite débat juridique (pour le moins mais aussi un débat, disons, de philosophie politique).
Qui a payé l’avocat dont il s’agit aujourd’hui de rembourser la prestation, demande Hicham Dad ? Le Maire ou la personne privée qui a engagé le procès ? C’est pourtant simple comme question mais le Maire fait mine de ne pas la comprendre (c’est possible après tout…) et passe au vote.

Ludovic Planté répond à l’intervention du Maire-adjoint.

Question : Qui a payé ?
Réponse : La délibération a été adoptée… fin du débat.

(séquence à partir de Stéphane Cochepain et interventions suivantes : à partir de 3h17mn09secondes dans la vidéo).

Hicham Dad demande : « Qui a payé ? »

Moralité (si l’on peut dire), les déboires juridiques du Maire seront donc payés par l’argent public.

Les Clichoises et Clichois ont suivi depuis 2016 le sort de l’îlot Sellier grâce à l’action des locataires et leurs associations. En résumé, des logements HLM promis à la destruction dont la plupart ne seront pas remplacés sur Clichy (ni ailleurs). C’est open bar sur la ville pour les promoteurs de l’immobilier de rapport mais la disette pour les demandeurs de logements abordables, en particulier HLM locatifs. Alors que rappellons-le M. Muzeau est Président du principal Office public de HLM des Hauts-de-Seine dont l’îlot Sellier fait parti.

Jean-Luc Brachet à propos des terrains de la résidence HLM Sellier

La délibération n° 27 concernant l’îlot Sellier :

  1. Autorisation donnée à Monsieur le Maire de voter en faveur de la scission de la copropriété ou de la réduction de l’assiette foncière de la copropriété avec annulation de celle-ci constituée de la parcelle cadastrée section U n° 204 sise 16 à 40 rue Madame de Sanzillon, 117 à 133 Boulevard Victor Hugo, 2 à 12 et 18 à 22 rue Belfort et 1-13 rue Georges Boisseau à Clichy-la-Garenne

(séquence à partir de Stéphane Cochepain et interventions suivantes : à partir de 2h44mn35s dans la vidéo)

Que vont devenir les terrains publics libérés ? Les intentions de la municipalité sont floues et ont variées mais derrière l’expression fourre-tout de « mixité sociale » se dessine les intentions de changement de population, disons de « gentrification ». La stratégie politique du Maire devant la résistance des Clichoises et Clichois est la dilution des délibérations présentées comme « techniques » mais qui ne disent rien du projet futur. Il sera toujours temps de présenter une délibération « clé en mains », sans débat public.

Question : Quel est votre projet ?
Réponse : Vous le saurez plus tard.

Il est à remarquer que le procédé est le même que sur l’avenir de Beaujon, sachant que, par ailleurs, le Maire a déjà annoncé ses intentions immobilières. Ainsi en va la vie politique municipale. Un auteur célèbre avait déjà anticipé par le titre de son ouvrage : « Jours tranquilles à Clichy. »

Robert Crémieux

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