BEAUJON – BICHAT
GRAND HOPITAL NORD
Hallucinante et caricaturale réunion publique d’information jeudi 8 février à Saint-Ouen dans le cadre de l’enquête publique sur le projet d’hôpital nord. En vrac, quelques remarques. Mais il faudra revenir point par point sur les approximations et contre-vérités débitées par les représentants du projet du gouvernement.
La présentation du projet d’hôpital à Saint-Ouen reprenait à quelques diapositives près, vite expédiées, la trame de la brochure du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Il s’agit en fait d’une publicité digne d’Havas avec pour le fond une propagande complètement hors sol. On apprend ainsi que la réalisation permettra de « Favoriser les mobilités douces avec une large place offerte pour le stationnement aux deux-roues non motorisées. » Quand on connaît la saturation des transports dans la ville, on est rassuré : les parturientes et les jambes cassées pourront se rendre à l’hôpital en vélo (mais attention tout de même pas électriques).

Brochure rédigée par une intelligence artificielle, le cabinet conseil McKinsey ou les deux à la fois ?
Les représentants de l’Etat présentent le dossier du Grand hôpital avec pour tout commentaire sur Beaujon et Bichat leur « vétusté ». Comme une pierre tombale sur une réalité vivante. Un mot tarte à la crème qui repose sur des affirmations contredites par le personnel non médical de Beaujon, jamais consulté sur le projet, et par des rénovations récentes et onéreuses notamment pour Beaujon. Pour autant la « vétusté » signifie-t-elle une rénovation des sites impossibles ?
« Oui, elle est possible, finit par lâcher le représentant de l’APHP, M. Hagenmüller, mais... ». Il faut des sous pour la santé publique, ce qui n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement ?

Simon Chiaroni, CGT, pour le Comité de défense Bichat-Beaujon, démolit avec véhémence les affirmations concernant la non-possibilité de la rénovation des sites, en rappelant notamment que les terrains sont disponibles.
Dans tout le dossier, seul l’aspect médical est traité, sous forme de graphiques manipulateurs pour un projet datant de 2013 et devant se terminer en 2030. Certes en toute hâte l’APHP a rajouté trois études complémentaires bricolées après les décisions des tribunaux de juillet 2023 et octobre 2023, pour redire ce qui est rabâché depuis la décision du Président Hollande, « le projet est désormais définitif ». La question du nombre de lits en moins dans un seul site censé regrouper les capacités de deux (et plus, compte-tenu des hôpitaux plus petits concernés) se résume en des diapositives hors-sol qui font s’étrangler les personnels hospitaliers confrontés à la réalité du terrain.

Le docteur Christophe Prudhomme (au centre) n’en croit pas ses oreilles quand il entend le charabia technocratique sur les capacités en lits des hôpitaux et les décisions politiques qui ont conduit à la crise actuelle des hôpitaux.
Difficile de croire à la magie des diapositives de présentation qui illustrent parfaitement le décalage entre le jargon technocratique et la réalité du terrain.

Demain on soignera sans peine grâce à la « cible capacitaire » qui à ce jour est située en 2030…
date de la mise en service du nouvel hôpital !
Le député de Saint-Ouen, Eric Coquerel, a parfaitement ciblé le principal point faible de l’argumentation du gouvernement et de la direction de l’APHP. Bien sûr il s’agit de maintenir Beaujon et Bichat, et pour cela il y a des propositions, études et alternatives, mais aussi il est nécessaire de remettre la copie en chantier pour un troisième hôpital à Saint-Ouen ou ailleurs en Seine-Saint-Denis.

Eric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis, propose de sortir de l’impasse du projet APHP en n’opposant pas rénovation de Beaujon et Bichat et la nécessité d’un nouvel hôpital en Sein-Saint-Denis
Comme le dit de son côté le docteur Prudhomme, le projet actuel datant de 2013 est celui du monde d’avant, il ne tient pas compte des besoins actuels et futurs, fait le bonheur de l’hospitalisation privée et au bout du compte sera un échec pour les patients, les personnels hospitaliers et les populations du désert médical de la Seine-Saint-Denis, attesté chaque jour par les difficultés d’hospitalisation.
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Participez à l’enquête publique ouverte jusqu’au 4 mars !
Robert Crémieux