Drôle de réunion, jeudi 31 mars, à la Mairie de Clichy. Le Maire avait tout d'abord annoncé à la cantonade, par tracts et sur le site web de la Ville, qu'une réunion de la "commission spéciale" sur le chauffage urbain devait se tenir à 19 heures. La "commission spéciale" n'ayant pas été votée au Conseil municipal du mardi 29 mars, la réunion était devenue entre-temps, "Réunion de préparation à la table ronde sur le chauffage urbain."
A regarder de plus près l'ordre du jour* de cette réunion, elle n'avait rien de préparatoire à une quelconque table ronde mais tout d'une réunion d'information comme le Maire les affectionne. Il parle, il donne la parole à son staff technique, à ses adjoints puis laisse poser quelques questions auxquelles il répond aussitôt et coupe systématiquement la parole à tous ceux qui ne partagent pas son avis sur le sujet du jour.
Le résultat de cette "réunion de préparation" est éloquent. Le Maire n'ayant rien à proposer en matière de date, de participants, de modalités et d'objectifs, il a fini par lever la séance sous les huées en annonçant une hypothétique nouvelle "réunion préparatoire" à une date indéterminée, ouverte à tout le monde c'est-à-dire à personne, sauf aux élus socialistes qui ne l'ont pas lâché et aux réquisitionnés de la section socialiste pour faire la claque.
En fait de claque, c'est lui qui l'a prise car il n'a convaincu personne ni de la sincérité de sa présence aux côtés des usagers contre la SDCC, ni de la pertinence de ses "négociations" avec GdF Suez, ni de la compétence de son équipe technique dans ce dossier. Au point de perdre son sang-froid à la fin de la réunion et d'insulter publiquement l'un des usagers présent.
Après avoir refusé d'entrée de jeu de modifier l'ordre du jour pour réellement préparer la table ronde, le Maire a donc tenté d'imposer le sien. Il n'a pas eu de chance.
Il faut dire que dès le premier exposé infligé aux participants de la réunion, la directrice technique a multiplié les bourdes et les approximations. Après avoir parlé de ses "amis" de la SDCC – ce qui dans un autre contexte aurait simplement pu faire sourire – elle a multiplié les contre-vérités. Exemples.
Selon elle, le réseau de chauffage urbain à Clichy et Levallois serait une exception en France, seulement partagée par Paris avec la CPCU. C'est bien entendu complètement faux, sans compter que les nombreuses communes raccordées en Ile-de-France font parti d'un réseau de fourniture de vapeur totalement interconnecté à l'échelle de l'agglomération parisienne.
Elle parle de la CPCU comme d'une éventuelle alternative à la SDCC alors que la CPCU, qui fournit notamment Paris en vapeur pour le chauffage urbain, n'est qu'une filiale de GdF Suez tout comme la SDCC.
Enfin, concernant le problème de la fourniture de vapeur au réseau levalloisien de chauffage urbain elle semblait ignorer que la convention tripartite était signée de Catoire ! A sa décharge, le Maire lui-même semblait avoir oublié qu'il avait signé ce fameux accord et en attribuait la responsabilité et la signature à "un mort" (sic !).**
Les participants à cette réunion n'étaient toutefois pas au bout de leur surprise car le Maire s'étant avisé que l'un des intervenants n'était qu'un simple citoyen clichois non raccordé au réseau de chauffage urbain, il tenta vainement de lui couper la parole. L'intervenant se vit même menacé des tribunaux alors qu'il ne faisait que citer des extraits du rapport de la Chambre régionale des comptes !*
Puis le Maire donnait un piètre exemple de ses connaissance en droit car, mis en cause comme Président de Clichy Habitat, il prétendit que le responsable légal en était le directeur, présent dans la salle. Et d'argumenter que depuis la transformation de l'Office HLM en Office Public d'Habitat la loi confiait désormais au directeur les responsabilités auparavant dévolues au Président. Cela est sans doute vrai pour certains aspects de la gestion courante mais certainement pas en ce qui concerne la signature des contrats en matière de chauffage et la responsabilité qui en découle, d'autant que le système mis en place est bien plus ancien que la transformation de l'Office.
Et la réunion de continuer sur le même mode avec l'intervention d'un avocat du Cabinet Lysias, censé défendre les intérêts de la Ville face à la SDCC, puis une intervention de Jean-Pierre Auffret qui n'était qu'une redite de son intervention au Conseil municipal sur le rejet du bilan présenté par la SDCC à la Commission consultative des services publics locaux (dont M. Auffret, avocat, est incapable de dire le nom exact à chacune de ses interventions). Hélas, c'était pour que des usagers fassent aussitôt remarquer à l'un que les avocats ne sont (heureusement pour lui) pas soumis à l'obligation de résultat et à l'autre que l'on attend toujours quelles conclusions la Municipalité tire du rejet pour la deuxième année consécutive du bilan de la SDCC par la Commission en question.
Ah, si pardon. D'un côté la Ville a des procédures judiciaires engagées contre la SDCC et de l'autre M. Catoire négocie avec M. Mestrallet, P-DG de GdF Suez. Gag. Car c'est pour aussitôt nous apprendre que la procédure (les procédures ?) judiciaires sont "suspendues" pendant les négociations avec M. Mestrallet…
D'autant que les négociations, ainsi que les procédures judiciaires sont menées par le seul Maire, sans même que son conseil municipal ni les élus de sa majorité n'en connaissent les détails et y soient associés, pas plus que le Conseil d'Administration de Clichy Habitat qui a chargé le même Cabinet Lysias – l'un des plus huppé de la région – de représenter l'Office HLM aux frais des locataires. Le contenu réel de ces négociations et de ces procédures ? Mystère. Seul le Maire les connaît, lui seul a accès aux pièces du dossier et refuse de les communiquer aux élus qui les réclament, tout comme aux membres du CA de Clichy Habitat dont il est président.
Il est donc légitime de penser que le Maire ne vise qu'à gagner du temps dans cette affaire – qu'il est dans l'incapacité ou qu'il n'a pas la volonté de résoudre – depuis des années qu'elle est devenue l'enjeu d'un débat public. La nécessité de remettre à plat le contrat avec la SDCC est en effet devenue évidente dès la fin des années 90 mais le Maire a toujours continué de signer les avenants reconduisant les mêmes conditions défavorables aux Clichois. On peut légitimement se demander pourquoi.
Alors qu'il affirme sans relâche qu'il défend les intérêts de la commune et de l'Office, il serait temps qu'il comprenne qu'il ne peut le faire contre son conseil municipal, contre les élus de sa majorité, contre les citoyens. Il serait temps qu'il comprenne que si "négociations" il doit y avoir, c'est d'abord avec les usagers du chauffage urbain. Et non utiliser ceux-ci comme otages dans des tractations avec GdF Suez qui dépassent de loin la question du chauffage. Mais cela l'entraînerait sans doute dans des pratiques de transparence dont il n'a ni la culture ni la volonté.
Robert Crémieux
* Ordre du jour de la réunion de préparation de la table ronde :
110331odjruprepmaire.pdf
* La réponse à la directrice technique :
sdcctarif110401signataireconventiontripartite.pdf
* La convention tripartite intégrale :
sdccconventiontripartitesdccinesclichydu900522recule080527.pdf
* L'intervention d'un Clichois, M. Cabasset, que le Maire prétendait censurer :
12bquidoirtdfendrelaville.pdf