Jeanbrun : le ministre contre le droit au logement

Le ministre Jeanbrun n’est pas au gouvernement pour s’occuper du logement mais pour promouvoir le projet de société de l’union des droites. Sur Cnews, puis ce dimanche sur le JDD, il a déroulé ce week-end son programme qui consiste à nier le droit au logement pour le remplacer par le droit des propriétaires.

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L’offensive vient de loin et il n’est pas le premier à partir en guerre contre le « logement à vie » et les locataires qui s’incrustent dans le logement social. Il propose diverses mesures pour marchandiser le logement social et simultanément de faire émerger une France de bailleurs privés – de rentiers – qui seraient supposés rendre le logement locatif privé abordable. En fait, cette ambition qui signe un projet réactionnaire de retour au système du 19e siècle, ne permettra jamais de loger la majorité de la population et de rendre effectif le droit au logement. Il vise à garantir les profits des multipropriétaires. Jamais et nulle part, les exemples européens abondent, les propriétaires privés, rentiers ou organismes immobiliers filiales bancaires, ne pourront fournir des logements abordables à l’ensemble de la population. Entre profits et obligations sociales il faut choisir.

La campagne sur la « crise du logement » dont on nous abreuve dans les médias fait partie du dispositif. En fait de crise, il y a surtout celle du logement social, provoquée délibérément par les gouvernements successifs. Privé des subventions de l’État, il ne peut répondre à ses missions – construire et loger décemment – sauf à aligner les loyers sur les prix du marché et la vente du patrimoine.

Une proposition de loi, a été déposée au Sénat, fin novembre dernier, par Mme Sassone et M. Darnaud, tous deux LR comme M. Jeanbrun. Elle complète et synthétise le dispositif de basculement sociétal pour les politiques du logement. Cela rappelle ce qui s’est passé en 1976 lorsque le rapport de Raymond Barre sur la réforme du financement du logement social a donné le signal de la fin des politiques de soutien au logement social. D’année en année, les subventions publiques ont été réduites, pour en arriver à ce que l’État ne contribue plus qu’à hauteur de 2 % à la construction d’un HLM (sources USH).

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Qui paie aujourd’hui le logement social ? Les locataires par leurs loyers, à hauteur de 23 milliards d’euros en 2024 (sources USH). Il est donc faux de dire, comme M. Jeanbrun, que les habitants des HLM bénéficient de la solidarité nationale. Ils ne touchent pas une rente. Ils financent, point. Et cette contribution à l’économie nationale n’est ni reconnue, ni valorisée. Si le soutien de l’État et la solidarité nationale ont permis dans le passé de construire le patrimoine social locatif public existant, aujourd’hui la marchandisation à marches forcées aboutit à l’augmentation des loyers et aux ventes à la découpe pour équilibrer les budgets des bailleurs sociaux.

Il est temps que les locataires, les bailleurs sociaux, les syndicats et les partis politiques républicains prennent la mesure du basculement en cours et le stoppe avant que le pire ne soit acté en profitant de la confusion de la période politique que nous affrontons.

Robert Crémieux

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