Depuis le 1er septembre 2025, alors que les travaux de démolition de la résidence HLM de Clichy est encore en cours, une enquête publique a été ouverte sur le projet immobilier proposé sur le site. Ce projet, piloté par la banque BNP Paribas, pose de nombreuses questions.
Et en premier lieu : le débat public nécessaire pour une opération immobilière n’a pas eu lieu. On lira ci-dessous ma contribution publiée lundi 15 septembre 2025 sur le registre ouvert en ligne à l’adresse : https://www.registre-numerique.fr/ilot-sellier

Contribution à l’enquête publique
Je donne mon point de vue en tant qu’acteur depuis plus de dix ans aux côtés des anciens habitants de la résidence HLM Sellier. J’ai à ce titre, avec le concours de l’amicale des locataires La CSF et de l’Union locale La CSF de Clichy, contribué à la préservation des droits des résidents confrontés à l’obligation de déménager. Ces droits ont été garantis notamment par une « Charte de relogement » cosignée par la Préfecture, la Mairie, Hauts-de-Seine Habitat et La CSF.
Absence de débat public
La présente observation porte sur l’absence de concertation publique concernant l’évolution du projet suite à la démolition de deux immeubles. À ma connaissance, le dossier d’enquête publique ne mentionne à aucun moment l’existence d’une quelconque concertation, débat public ou réunion d’information de la population pour le présent projet.
La « Notice explicative sur la procédure de participation du public par voie électronique concernant le projet « Ilot Sellier » à Clichy-la-Garenne » ( Notice explicative PPVE SELLIER 250725 ) comporte un rappel explicite à la nécessité d’un débat public. Elle indique, page 6, sous le titre
*Article L 123 du code de l’environnement :
« Si le projet, plan ou programme a fait l’objet d’une procédure de débat public organiséedans les conditions définies aux articles L. 121-8 à L. 121-15, ou d’une concertation préalable organisée dans les conditions définies aux articles L. 121-16 et L. 121-16-1, ou de toute autre procédure prévue par les textes en vigueur permettant au public de participer effectivement au processus de décision, le dossier comporte le bilan de cette procédure ainsi que la synthèse des observations et propositions formulées par le public. »
Le même paragraphe conclut :
« Lorsqu’aucune concertation préalable n’a eu lieu, le dossier le mentionne. »
Je n’ai trouvé nulle par dans le présent dossier une telle mention. Je n’ai d’ailleurs trouvé de trace nulle part dans ma mémoire personnelle de Clichois ou dans celle de mon association de locataires d’une quelconque consultation.
Si une telle consultation avait eu lieu, je n’aurais pas manqué de relever que l’aménagement urbain de ce quartier populaire de Clichy a été confié à une banque. Et pas n’importe laquelle, BNP Paribas. Je pose donc la question : quelle est la compétence d’une banque en matière d’urbanisme ? À ma connaissance, aucune. Les banques ont pour mission principale de garantir le profit de leurs actionnaires. Si BNP Paribas intervient dans ce projet, ce n’est pas pour garantir le droit au logement et le droit à la ville pour les habitants de Clichy. Cela explique à mon avis, notamment, que les citoyens et citoyennes n’aient pas été consultés en amont.
De nombreuses questions
La nature du projet me confirme dans cette opinion. Il y avait 248 logements très sociaux locatifs dans les HLM de l’îlot Sellier. ils seront remplacés par – selon le projet actuel – 89 logements sociaux. Rien ne dit qu’ils seront parmi les plus accessibles et de plus, les démolitions ne sont en l’état pas remplacés par des constructions nouvelles de logements locatifs sociaux HLM dans la ville. Le projet de BNP Paribas ne s’adresse pas non plus aux accédants à la propriété de la population majoritaire à Clichy mais prioritairement aux investisseurs et autres multipropriétaires. C’est la tendance des constructions neuves à Clichy, allant même au-delà de la tendance sur le plan national révélée par une étude récente de l’INSEE :« Les multipropriétaires en France sont des personnes qui possèdent plusieurs biens immobiliers, souvent motivés par la recherche de revenus passifs ou la sécurisation de leur avenir financier. Ils représentent 35% des propriétaires et détiennent 65% des logements. »
En l’état, ce projet « îlot Sellier », sous-traité par la municipalité à une banque, ne répond pas aux besoins des Clichoises et Clichois. Ni sur le plan environnemental ( la végétalisation annoncée se fait sur l’emprise du parc public municipal existant ), ni social ( les locataires HLM sont priés d’aller loger ailleurs ), ni urbanistique ( pas de consultation de la population, pas de projet urbain délibéré et se résumant aux enquêtes publiques obligatoires ).
Des recours seront donc nécessaires et envisageables. Et la consultation de la population par un débat public est plus que jamais une demande forte.
Robert Crémieux
Clichy, lundi 15 septembre 2025
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