Hôpital Beaujon : rdv du 30 octobre

La grève continue à l’hôpital Beaujon de Clichy. Le personnel demande les moyens de soigner dignement les patients. Alors qu’un mouvement national a été lancé ce mardi 29 octobre par les syndicats afin de remettre la politique de santé publique sur les rails de l’efficacité et du respect des personnels, dès le mercredi 30 octobre les grévistes de Beaujon lancent un appel à soutien à la population du territoire nord Hauts-de-Seine.

Beaujon et au-delà

Aucun secteur de la santé publique n’est épargné par la politique macroniste. Beaujon est depuis des années menacé de fermeture par des politiques qui suppriment des lits au lieu de répondre aux besoins et transforment en déserts médicaux des territoires en milieu rural comme en zone urbaine dense.
La marchandisation de la santé est le but affiché. Le campus hospitalier de Saint-Ouen qui serait censé remplacer les hôpitaux Beaujon et Bichat est un des vecteurs de cette politique littéralement mortifère. Le docteur Christophe Prudhomme dans une tribune reproduite ci-dessous alerte une fois de plus sur l’avancée de la braderie au intérêts privés des projets menées à Saint-Ouen pour le projet de campus en rappelant le bilan de ce type de privatisation à travers l’exemple de l’hôpital du Sud-Francilien.

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Nous venons d’apprendre que le campus universitaire attenant au Grand Hôpital Nord à Saint-Ouen va être construit sous la forme d’un partenariat public privé (PPP) avec le groupe Eiffage. Dix ans après le scandale du PPP de l’hôpital du Sud-Francilien qui a éclaboussé ce groupe, le gouvernement pousse les universités vers les mêmes difficultés. En effet, la loi d’autonomie des universités adoptée sous le gouvernement Sarkozy a permis à l’Etat de se désengager des investissements dans les universités, obligeant ces dernières à s’endetter sur les marchés comme cela a été fait pour les hôpitaux. Puis, il a réduit les budgets alors que le nombre d’étudiants ne cessait d’augmenter. Pour mémoire, en 2024, le budget des universités a subi une coupe claire de 900 millions d’euros. Cette situation ne permet plus aux universités d’investir sur leurs fonds propres et est sciemment créée pour les pousser dans les bras des grandes entreprises de construction privées. Revenons sur le PPP de l’hôpital Sud-Francilien. Le groupe Eiffage a livré un bâtiment avec plus de 8 000 malfaçons. Face à cette situation, la chambre régionale des comptes a mis son nez dans l’affaire et a chiffré le surcoût sur les 30 ans de la concession par rapport à une maîtrise d’œuvre d’ouvrage publique à 750 millions d’euros. Dans ce contexte, la ministre M. Touraine a décidé de racheter le PPP mais elle n’a pas eu le courage de mettre Eiffage sous pression et Eiffage a été intégralement remboursé. Il faut bien comprendre que le gouvernement de l’époque avait les moyens de négocier avec Eiffage dans un contexte de dénonciation par différents rapports des contrats de concession autoroutière permettant de juteux profits au détriment de l’Etat et des automobilistes. L’hôpital a ainsi retrouvé la gestion directe de son bâtiment mais il lui a été imposé de reprendre les emprunts souscrits par Eiffage. Bilan de l’opération : pour un coût originel de 344 millions, la facture totale sera pour l’hôpital de 680 millions ! Il est donc particulièrement dangereux que l’Université Paris-Cité se lance dans une telle opération, car elle va être confrontée aux mêmes surcoûts qui vont grever son budget au détriment des moyens de fonctionnement pour les étudiants. Cette affaire montre que l’Etat n’assume plus sa mission d’investisseur dans deux secteurs que sont l’éducation et la santé qui devraient normalement relever intégralement du secteur public. Mais le choix politique constant depuis plusieurs décennies est de confier au secteur privé la gestion de la partie du patrimoine public qui peut leur permettre de dégager des profits. Ainsi Eiffage a engrangé plus d’un milliard d’euros de bénéfices nets en 2023, le groupe Bouygues affiche les mêmes résultats et Vinci le champion toutes catégories, près de 5 milliards. Morale de l’histoire : les difficultés des services publics ne sont pas dues à leurs dépenses en personnel mais aux frais financiers qui engraissent notamment les grands groupes de construction et les banques.

Dr Christophe Prudhomme

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Un article de L’Insoumission sur la grève de l’hôpital Beaujon :
https://linsoumission.fr/2024/10/23/hopital-beaujon-greve-rassemblement/

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