Le site de la municipalité de Clichy a publié ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour les locataires clichois en difficulté pour payer leurs loyers. Une convention de partenariat a été signée le 30 septembre dernier entre la Direction de l’Habitat, le CCAS de la ville, la direction des solidarités territoriales des Hauts-de-Seine (le Conseil départemental) et le bailleur HLM Hauts-de-Seine Habitat pour la création d’une Commission locale des impayés de loyer.

Sur le papier, comment ne pas souscrire à la volonté affichée d’agir avec plus de réactivité, en coordination des services sociaux au plus près du terrain ? Sauf que… ce qui saute aux yeux des acteurs de terrain est que les représentants des locataires sont les grands absents du dispositif qui a été élaboré sans eux. Dommage car faute de la médiation des associations de locataires et d’autres en charge des plus précaires, le dispositif est surtout destiné à… la photo sur le site et le magazine de la ville.
D’autres problèmes sont posés. L’Office HLM Hauts-de-Seine Habitat dont le Président est M. Muzeau, maire de la ville, a répondu à l’insistance des associations de locataires, dont la CSF à Clichy, pour améliorer le traitement social des problèmes locatifs avec le remaniement de certains services. Des résultats ont été obtenus, notamment grâce à l’engagement des personnels de l’Office dans les services concernés. Toutefois, en bout de course, le problème des expulsions locatives persistent, avec parfois même le recours à la force publique. Ces expulsions résultent en majorité de l’échec du traitement social des problèmes. Les familles concernées sont pour la moitié des familles monoparentales avec enfants (28,4 %) ou couples avec enfants (20,9%). Les dispositifs post expulsions sont inexistants, insuffisants ou inadaptés.
Les impayés de loyer : un marqueur social
Sur le fond, les problèmes rencontrées sont surtout le résultat des politiques sociales et économiques suivies par les gouvernements que soutiennent la municipalité de Clichy et la majorité du Conseil départemental. L’ampleur du phénomène des impayés de loyer est un signe des difficultés grandissantes des ménages à faire face aux dépenses de leur charge logement. Hauts-de-Seine Habitat chiffre à 20 % le nombre des foyers locataires qui ont des retards loyers. Ce constat est vrai pour les autres bailleurs. Cela concerne désormais aussi les copropriétaires endettés qui ne paient plus les charges, ce qui aboutit à des copropriétés dégradées dont l’État doit prendre en charge une partie ou le tout de la gestion.
Tout ceci pris en compte, pour en revenir au projet annoncé, on peut dire que les dispositifs les plus vertueux (sur le papier) ont surtout pour vocation de réparer les dégâts (grâce au travail des agents et des bénévoles associatifs) que les responsables politiques ont provoqué par leur cynisme social.
Ajoutons qu’en ce qui concerne le Conseil départemental, celui-ci est en déficit chronique de personnel pour ses services sociaux depuis des années. Et comme il s’agit d’un des départements les plus riches de France, ce ne sont pourtant pas, dans ce cas d’espèce, les moyens qui manquent.
Robert Crémieux
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