Beaujon : propagande

La direction de l’information de l’APHP a diffusé au dernier jour de l’enquête publique à propos du projet de Campus hospitalo-universitaire à Saint-Ouen un tract intitulé « Infos – Intox ». L’opération s’apparente plus à de la propagande qu’à de l’information. Dans un système hospitalier en crise en raison des restrictions budgétaires, il y a au moins un service qui fonctionne à plein régime et qui ne manque pas de moyens.

Le tract, distribué dans la boîte mail des personnels de Bichat et Beaujon vise à contre-balancer la forte mobilisation des personnes ayant participé à l’enquête publique. L’opposition au projet s’est exprimée de multiples manières tant à Saint-Ouen que dans le nord des Hauts-de-Seine et Paris. Ce qui inquiète le gouvernement c’est l’idée montante que l’on ne peut plus accepter de fermeture de lit ou d’hôpital, en Ile-de-France comme ailleurs.

En difficulté sur sa politique, le gouvernement utilise de moyens malhonnêtes en lieu et place du débat contradictoire citoyen qu’implique une enquête publique. Le passage en force pour ses projets est devenu un moyen de gouverner. Le 49-3 est utilisé sur tous les sujets. Et quand cela ne suffit pas les pressions et répressions sur la population et les personnels concernés deviennent un mode de management dans les services publics.

A l’APHP les syndicalistes qui défendent publiquement des vues différentes de la direction sont dans le collimateur. Des membres du personnel sont sanctionnés, comme l’a été récemment la cheffe de service des urgences de l’hôpital de Laval, Mme Caroline Brémaud. Convoqué à la moindre incartade par la direction, le personnel se voit délivrer le message récurrent : « Vous croyez que c’est bon pour votre carrière ? ».

Quant aux « arguments » développés par le service de propagande concernant le projet de Campus à Saint-Ouen, il faudrait les prendre un par un – ce qui sera fait prochainement – pour démonter leur caractère. Exemple facile à comprendre : celui du « désert médical ». Ce n’est pas un problème à Clichy ? Non. La preuve : l’APHP « travaille en collaboration avec le Centre de santé Chagall-Gouin au renforcement de l’offre qui demeurera sur la commune. »

En réalité, la municipalité de Clichy, qui souhaite la fermeture de Beaujon, ne sera pas en mesure de remplacer ni les urgences, ni la maternité ni d’ailleurs d’autres services de l’hôpital public car les difficultés sont déjà là avec l’insuffisance de renouvellement de la médecine de ville et la politique de restriction de l’offre de services publics qui est celle du Maire. Par ailleurs, – et le service de propagande de l’APHP se garde bien de dire -, Beaujon ne dessert pas que Clichy mais bien tout le nord de Hauts-de-Seine avec des villes comme Gennevilliers, Asnières, Villeneuve-la-Garenne. Contrairement à ce que beaucoup croient encore, le désert médical avance en Ile-de-France, avec ses hôpitaux publics déjà en tension. Une autre politique s’impose et non la fermeture de Beaujon et Bichat.

Robert Crémieux

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