Samira Akrour, infirmière à l’hôpital Bichat, a donné sur le registre numérique de l’enquête publique pour le projet de Campus hospitalo-universitaire à Saint-Ouen un témoignage et une argumentation motivée. Ce cri du cœur et de la raison mérite d’être entendu.

CE PROJET N’EST PAS D’UTILITÉ PUBLIC TEL QU’IL EST CONÇU
Je suis infirmière à Bichat et j’ai commencé ma carrière à Beaujon.
Ce nouveau projet hôpital Nord tel qu’il est conçu, je n’en veux pas. Je ne souhaite pas travailler dans une usine à soins qui sera encore plus grande que Bichat. C’est déjà compliqué sur Bichat de par le nombre de personnels que nous sommes , je ne souhaite pas travailler dans une usine qui aura la taille du stade de France.
Dans ce projet :
– Pas de salle de détente jouxtant le service, mais une salle de détente commune entre plusieurs services, inutilisable car loin du service ( ne favorise pas une cohésion d’équipe, c’est incompréhensible).
– une salle pour se restaurer qui est partagé avec le public et les patients (Je ne souhaite pas me retrouver face-à-face avec les familles et les patients lors de mes temps de pause).
Pour venir à Bichat, actuellement je traverse la ville de Saint-Ouen qui est déjà extrêmement encombré. Comme beaucoup de mes collègues, je n’ai pas les moyens de me loger sur Paris où les alentours. J’habite le Val-d’Oise et je viendrai en voiture et non pas en transport en commun, car difficilement accessible de chez moi.
Ma réflexion, en tant que futur usager des services de soins : nous ne pouvons pas réduire l’offre de soins et fermer des lits. Nous avons déjà du mal à répondre aux besoins des patients actuels. Une partie des patients sont déjà réorientés faute de place.
On peut également constater toutes les nouvelles constructions d’immeubles qui ont lieu sur Saint-Ouen, Clichy, le 17e et le 18e, donc à mon sens, on aurait dû augmenter le nombre de lits et non pas réduire le capacitaire.
La Seine-Saint-Denis a bien besoin d’un nouvelle hôpital à taille humaine qui compléterait et allégerait Bichat et Beaujon.
1000 naissances en moins dans le nouveau projet
Le nouveau projet prévoit 1 000 naissances en moins. Où vont accoucher toutes ces femmes en sachant que le nombre de naissances au vu de la population qui augmente dans le secteur va automatiquement augmenter ? On aurait dû augmenter l’offre de soins obstétrique et non pas la réduire.
Sachant qu’une décision de certification a été rendue le 20 février 2024 et l’HAS a certifié l’hôpital Bichat – Claude-Bernard pour les 4 prochaines années, avec la mention « Haute qualité des soins ». C’est le plus haut niveau de certification possible pour un établissement de santé.
L’hôpital Bichat – Claude-Bernard a obtenu d’excellents résultats :
– 97% des critères du référentiel du chapitre 1 « le patient » ;
– 98% des critères du chapitre 2 « les équipes de soins » ;
– 99% du chapitre 3 « l’établissement ».
Les experts-visiteurs ont souligné de nombreux points forts :
– La prise en charge centrée autour du patient : une participation à son projet de soins, des pratiques garantissant la prise en charge de la douleur et la dignité, l’association des patients à leur prise en charge et à certains programmes d’éducation thérapeutique, une prise en compte globale du malade et de ses vulnérabilités ;
– Un engagement des équipes dans une dynamique de qualité et de gestion des risques, une coordination renforcée des parcours, la maîtrise des bonnes pratiques de soins et de gestion des médicaments à risque, une culture de déclaration des évènements indésirables, une attention particulière à la bientraitance et l’implication continue des représentants des usagers.
Ce résultat témoigne de l’implication remarquable de toutes les équipes de l’hôpital Bichat – Claude-Bernard en faveur des patients et de leurs proches, ainsi que de la dynamique exemplaire portée par les équipes dans tous les services.
Pour toutes ces raisons , ON NE PEUT PAS FERMER CES ETABLISSEMENTS.
Je ne comprends pas que notre gouvernement ne mette pas la Santé au cœur de sa politique.
Ce projet, tel qu’il est conçu n’est pas d’utilité publique. Le Président actuel avait dit, on arrête le dogme de la fermeture de lits ; et : la Santé quoi qu’il en coûte. Je valide et nos politiques devraient l’appliquer pour la protection des usagers et éviter des morts et une perte de chance pour les usagers.
Samira Akrour – Deuil-La-Barre – 01/03/2024
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