Écoles : rentrée floue à Clichy

A quelques jours des vacances c’est toujours l’incertitude sur les conditions de la rentrée des écoles à Clichy. Aux questions posées par les parents dans de multiples démarches et mobilisations il n’y pas de vraie réponse. Le chaos provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale fait que les questions en suspens ne sont pas réglées car les ministres sont quasi tous en campagne ou règlent les affaires courantes. La Municipalité a la tête ailleurs.

Dalila Bahmed, FCPE des écoles, a bien voulu répondre à trois questions sur les perspectives de la rentrée.

  • La rentrée de 2023 a été difficile pour les parents d’élèves. A quoi faut-il s’attendre pour 2024 ?

Pour le moment nous ne savons pas trop encore à quoi nous attendre de manière concrète. La dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République après le camouflet infligé à son parti aux élections européennes nous a plongé dans une phase d’incertitude et d’attente. En attendant de savoir quelle sera la couleur de la future Assemblée et quel parti de gouvernement nous aurons, les parents d’élèves FCPE tâchent de rester mobilisés sur des sujets qui nous occupent en permanence depuis maintenant de trop nombreuses années.

Parmi les difficultés à craindre en cas de victoire de la majorité présidentielle, ou pire encore du RN, nous avons pour le 1er degré la fermeture des classes. On nous avait annoncé en février la fermeture de 9 classes avec des conséquences désastreuses en termes de classes surchargées, de classes à doubles voire triples niveaux subies, de pertes de décharges pour les directeurs d’école alors même qu’ils assurent un rôle administratif et de lien avec les parents essentiels au quotidien.

Il y a quelques semaines, devant le bureau de l’inspectrice d’académie à Clichy

Malgré des mobilisations hebdomadaires devant les écoles et au pied du bureau de l’inspectrice de l’éducation nationale, des courriers au DASEN, des rendez-vous conjoints avec l’inspectrice et l’adjointe au maire déléguée à l’éducation, le bilan reste bien maigre. Il semblerait que seule la maternelle Jules Ferry garde sa classe mais pour les autres écoles le flou demeure. Et ce d’autant plus que les projets de fermeture sont en stand by depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Nous ne savons rien…

Un autre cheval de bataille qui risque de tendre encore la situation à la rentrée c’est celui de la réforme du collège, le fameux « choc des savoirs » qu’on nous propose. Cette réforme pour laquelle l’État ne met pas les moyens de ses ambitions en termes de ressources vient proposer des groupes de niveaux qui trient et enferment les élèves. Les heures d’enseignement sont en baisse et les recrutements restent encore insuffisants. Et puis, nous avons un réel sujet de lutte ce sont à chaque rentrée les postes d’enseignants non pourvus et les absences non remplacées.

En-dehors de ces problématiques proprement « Éducation nationale » nous avons également à Clichy un sujet de préoccupation majeur qui revient à chaque rentrée scolaire, c’est celui de la non-scolarisation des enfants de familles hébergées, que l’hébergement relève de l’urgence en hôtel social ou chez un tiers (famille, amis…).

Depuis plusieurs années nous militons avec le Réseau Education Sans Frontière (RESF) et d’autres associations du champ de la cohésion sociale pour faire cesser cette politique et cette pratique totalement illégale de la municipalité. Grâce à l’intervention de l’inspectrice de l’éducation nationale et du Défenseur des droits régulièrement saisi les familles parviennent aujourd’hui à s’inscrire à l’école en allant directement se présenter aux directeurs d’école. Mais aujourd’hui la municipalité a trouvé le moyen de rendre plus complexe leurs inscriptions à la cantine et aux activités périscolaires en leur faisant payer le prix fort.

C’est la double peine pour les enfants de ces familles hébergées, celle de ne pas avoir de toit fixe et d’un espace bien à eux pour grandir sereinement et celle de ne pas avoir accès aux activités éducatives périscolaires dans les mêmes conditions que les autres enfants. Toute la difficulté pour nous est de nous faire connaître de ces parents en situation d’hébergement souvent très discrets sur leur situation pour les accompagner et faire valoir leurs droits.

  • Il est question de « ségrégation scolaire ». Que se passe-t-il ?

C’est une vaste question à laquelle il est un peu difficile de répondre en peu de mots puisqu’elle existe à un double niveau : au niveau de la ville et au niveau de l’État.

Pour l’échelon ville, sans une vraie analyse élaborée à partir de données un peu sérieuses c’est complexe d’avoir une vision claire là-dessus. Je le dis d’autant plus qu’en tant que représentant.e.s de parents d’élèves élu.e.s FCPE, nous n’avons pas accès aux données éducatives.

La ville, au-delà d’un manque de volonté, est de mon point de vue sous-qualifiée pour aller construire de la donnée et surtout l’analyser. Pour cela il faudrait aussi pouvoir réussir à comprendre la vision stratégique de la municipalité en ce qui concerne le développement urbain de la commune. Il faut bien avoir en tête qu’avec l’existence d’un outil comme la carte scolaire le développement urbain d’une ville a des conséquences directes sur les écoles en termes de composition sociologique.

On voit bien deux tendances à Clichy :

  • une tendance à embourgeoiser la commune par une nouvelle offre de logements plus chers ;
  • une tendance à ne pas soutenir l’école publique en sous-investissant le bâti et le périscolaire. Aujourd’hui la municipalité semble plus préoccupée par l’école privée pour répondre à un certain électorat. C’est ce qu’on a pu entendre en tout cas lors du dernier conseil municipal avec le seul horizon en matière d’éducation de promouvoir l’implantation d’un lycée privé. Alors même que les équipements déjà présents, et en particulier le lycée Newton, souffrent d’un manque d’investissements de la Région.

Après au niveau de l’État, la ségrégation scolaire c’est encore plus complexe. Il faut se référer aux études sociologiques qui montrent bien les logiques internes de l’école qui conduisent à créer de la reproduction scolaire et sociale. Pour coller plus près à notre situation locale, les fermetures de classes viennent fragiliser des écoles situées dans les quartiers les plus fragiles de la commune, anciennement en Réseau Education Prioritaire (REP), mais elles n’épargnent pas complètement les écoles dites de centre-ville non plus. On remarque cependant qu’il y a une tendance à « sauver » certaines écoles plutôt que d’autres. Est-ce que c’est le résultat d’un lobbying de la mairie auprès du Dasen ? Je n’ai pas la réponse.

  • Que peuvent faire les parents d’élèves mais aussi le personnel enseignant et les Clichoises et Clichois ?

Se mobiliser, et le faire massivement pour montrer que nous sommes attaché.e.s à ce bien commun qu’est l’école républicaine publique laïque et gratuite. Seule l’école publique reste le socle de notre cohésion sociale. Réussir à se mobiliser ensemble parents et enseignant.e.s et ça n’est plus si simple. Il faut aussi que chacun.e à son niveau interpelle les représentants de l’éducation nationale et les élu.e.s de la ville et le ou la futur.e député.e.

Et puis bien sûr pour les parents d’élèves du 1er au 2nd degré venez nous rejoindre à la FCPE pour défendre l’instruction et le bien-être de leurs enfants. Les parents d’élèves déjà adhérents font un travail – bénévole – remarquable mais nous ne sommes pas assez nombreux.

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